l 04-10 : dans la soirée, première émeute dans le quartier populaire de Bab El-Oued à Alger : vols et pillage de magasins, incendies de voitures, affrontements.

l 05-10 : colère des jeunes à Alger. En furie et violents, ils saccagent la rue Didouche-Mourad: magasins, compagnies aériennes, commissariats, mairies, boîtes de nuits, voitures de fonctionnaires. Fougueux et impétueux, les émeutiers et leur négativité ravageuse effraient le pouvoir. L'armée n'intervient pas. L'émeute, la colère produisent une grève dont l’impact est beaucoup plus imposant que ne le dit la centrale syndicale UGTA.

l 06-10 : à Midi, l'état de siège est décrété. A Alger l'émeute reprend, pillages et destructions continuent. Les mairies d'El-Biar et de Bachdjarah et Hussein Dey prennent feu. Plusieurs commissariats sont mis à sac, et les insurgés y prennent les armes. Le “centre commercial et culturel” est détruit. De nombreux affrontements ont lieu avec l'armée. L'émeute s’intensifie et gagne plusieurs wilayas : Blida, Bordj Bou Arréridj…

l 07-10 : émeutes et affrontements entre l’armée et les émeutiers perdurent. Un char tombe en panne au milieu d’émeutes, il est aussitôt pris d’assaut par les émeutiers. Les soldats paniquent et perdent leur sang-froid, tirent à bout portant sur les émeutiers…L’intensité des affrontements monte d'un cran au point que la situation a fini par dégénèrer. En ce vendredi, jour de prière, “les intégristes” tentent d'entrer dans le mouvement et d'en investir la direction, alors que certains imams appellent à manifester pacifiquement, d'autres, en revanche, exhortent les émeutiers à rentrer chez eux. Non seulement l'émeute se répand et gagne d’autres secteurs de la capitale, mais aussi elle gagne d’autres wilayas et régions : Staoueli, Zéralda, Tiaret, Mostaganem, Annaba, Sétif, Larbaâ Nath Irathen (Tizi-Ouzou), Boufarik et Oran, où le siège du FLN, parti unique, est saccagé ainsi que des entreprises et des hôtels de luxe. Il y a eu une véritable chasses aux photographes et journalistes.

l 08-10 : violents harcèlements et intervention musclée des forces de l'ordre dans les quartiers populaires d'Alger. L'émeute gagne les villes du Sud, Ouargla, Djelfa. Suite aux tirs de l’armée, le nombre de morts est estimé à plus de 200.

l 09-10 : En Kabylie, à Tizi-Ouzou, sur la route menant de L.N.I vers Aïn El-Hammam, un gendarme tire à bout portant sur le chanteur Lounès Matoub. Atteint de 5 balles de kalachnikov dans l'abdomen, Matoub était en compagnie de deux étudiants, à bord de son véhicule, à destination de Aîn El-Hammam pour distribuer des tracts appelant la population à une grève générale de deux journées suite aux événements d'Alger. Il est évacué vers l'hôpital de Aïn El Hammam puis à l'hôpital de Tizi-Ouzou, puis transféré à la clinique des Orangers à Alger. Il y a séjourné six longs mois avant d'être transféré en France pour une prise en charge plus adéquate et des soins plus intensifs.

l 10-10 : Les tirs d'armes automatiques continuent d'être bravés par de jeunes harceleurs. Dans la journée, l'armée mitraille une manifestation pacifique d'intégristes à Bab El-Oued (25 à 30 morts). Dans la soirée, intervention du président Chadli à la télévision pour prononcer un discours.

l 12-10 : à Tizi Ouzou, émeutes et manifestation. Levée de l'état de siège. Chadli annonce un référendum constitutionnel : c'est la fin de l’ère du parti unique.

K. A.