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Date de création : 04.12.2008
Dernière mise à jour : 16.09.2018
724 articles


Saïd Khelil : «Tout est à reconstruire en Algérie»

Publié le 01/02/2011 à 06:34 par brahambennadji
Saïd Khelil : «Tout est à reconstruire en Algérie»
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Militant politique averti et ancien cadre du FFS, Saïd Khelil est aujourd’hui en dehors de toute structure partisane.
Néanmoins, il apporte des éclairages pertinents et sans complaisance sur la situation politique du pays, les travers de l’opposition, la nature dictatoriale du régime...

- En tant qu’homme politique, comment vivez-vous le verrouillage de l’expression politique et des espaces publics ?


Homme politique, je ne sais pas si ça existe dans notre pays, car pour être un homme politique, il faut pratiquer l’exercice politique, et comme vous le constatez, au quotidien, nous n’avons pas la moindre niche d’expression pour pouvoir occuper le terrain. Je vis cela très mal, nous avançons en âge et l’idéal de tout militant politique, c’est de réaliser ses objectifs, notamment celui d’accéder à la démocratie. C’est le rêve de tout homme du 21e siècle, et, ma foi, on en est bien loin.
C’est une grande souffrance, car quand on ne réalise pas ses talents politiques, on ne s’épanouit pas. Et là, on est comme des plantes sans eau, nous dépérissons. Les jeunes vivent à leur façon un drame, nous aussi, nous avons le nôtre à cause de ce système fermé. Nous sommes malheureux.


- Vous adhérez à l’appel à la marche du mois de février ?


Je suis de près ce qui se passe, la situation de mon pays m’interpelle. Je suis au courant de toutes ces initiatives à travers la presse, et là où on sera utile, on ne va pas fuir nos responsabilités.


- Avez-vous été associé à ces initiatives ?


Non, pas du tout. Il faut reconnaître que la militance est très dispersée. Il y a une atomisation et il faut bien reconnaître ses faiblesses pour éventuellement les corriger et repartir du bon pied. On ne m’a pas contacté.


- Le même constat revient. Les partis d’opposition n’arrivent toujours pas à surmonter leurs divergences. Est-ce une fatalité ?


 A mon sens, il ne faut pas se focaliser sur ça, la réalité dépasse deux sigles ou trois. Nous sommes en 2011, le champ politique est complètement remodelé, le travail de sape et de laminage a fait son effet sur ces partis. Il y a un nécessaire renouvellement car la situation a fondamentalement changé, ne serait-ce que d’un point de vue démographique, 70% de la population a moins de 30 ans, et pour le moment, ceux qui s’expriment dans le pouvoir ou dans l’opposition sont au minimum des sexagénaires. Nous avons besoin d’un travail d’autocritique pour voir où nous avons failli. Les divergences, il faut les assumer et il faudrait se parler pour trouver un minimum de convergences. C’est un problème de culture politique, les polémiques sont contreproductives et font des ravages dans l’esprit des citoyens. Mais, de mon point de vue, le RCD et le FFS, par exemple, devraient trouver un terrain minimum de convergence.

Nous sommes plombés par des polémiques que nous traînons depuis vingt ans, on est fatigués de cela. Il faut du neuf, on est dans l’interrogation. Le discours politique de toute  l’opposition est de critiquer le système de façon virulente comme dans les cafés. Mais, est-ce suffisant ou faut-il analyser sa société, repérer ses points forts, et voir ce que sont devenues nos élites et nos institutions ?

L’école, l’université, le système de santé sont délabrés. Ce sont des problèmes de fond gravissimes et à cette allure-là, avec cette régression qui s’accélère, je ne sais pas ce qu’il va advenir de notre pays.
 

- Vous dressez un constat que presque tout le monde connaît. La société attend que vous preniez des initiatives en vue de constituer un front démocratique pour aboutir à des changements… Lancer un noyau de réflexion, par exemple, pour réaliser ce chantier politique...


Effectivement, le maître mot est réflexion. Un régime ne tient pas par miracle. Il y a des laboratoires qui produisent des stratégies pour nous neutraliser, mais, nous en face, avons-nous réussi à préserver un noyau aussi petit soit-il, qui produit de la réflexion? Il y a par ailleurs des interventions éparses d’universitaires et nous devrions nous nourrir de ces analyses et visions pour pouvoir produire de la réflexion afin d’agir politiquement. Nous avons, à mon avis, pêché par activisme et par mimétisme. On est dans une espèce de mécanique répétitive et la situation tunisienne nous interpelle. Qu’avons-nous fait des drames de 2001 que nous n’avons pas encore assumés ? Comment se fait-il qu’il y ait des dizaines de morts en Kabylie alors que le pays était tétanisé pour ne pas dire qu’il n’a pas été solidaire ? Je suis aussi frappé par cette amnésie qui s’est emparé de la société dans son ensemble alors qu’il y a eu, des dizaines de milliers de morts. On est juste derrière le Rwanda en nombre de victimes. Quelle a été son impact sur le mental, la conscience du citoyen algérien ? En tout cas, tout cela nous a ravagés. Nous avons besoin de récupérer l’Etat, le dissocier du pouvoir. Mais, il faut aussi des initiatives de l’intérieur. Et, quand on entend Sid Ahmed Ghozali dire qu’il a été un harki du système, ça vous glace le sang. C’est dire la profondeur de la crise. La tentative des réformes a dérivé, l’arrêt des élections de 1992 et la suite des évènements nous ont emmenés très loin. Tout cela a bien sûr transformé la société. J’estime que nous avons besoin d’une thérapie collective pour reprendre le travail. Il faudra méditer les expériences des pays qui étaient des dictatures militaires et qui ont réussi à s’en sortir, comme les pays de l’Est. Il y a également le cas tunisien qui nous fait rêver et parfois pleurer d’émotion.
Il s’agit de se reconstruire, car ces dernières vingt années, tout a été détruit. Même les outils politiques qu’on a pu monter comme partis, ou mouvements de contestation, demandent analyse et critique.
Dans les années 1990, on travaillait avec des jeunes qui avaient vingt ans, de jeunes étudiants qui s’initiaient à la pratique politique. On préparait une relève et aujourd’hui, il y a une rupture entre les générations, et malheureusement tout notre capital expérience ne servira pas à grand-chose. Les jeunes, en dehors de  l’expression violente, n’ont rien, à part ces suicides multiformes.

 

- Vous exposez un tableau très sombre. Le rôle de l’homme politique n’est-il pas de donner aussi du rêve ?


Le militant politique est tracté par une force intérieure qui le pousse à l’action, mais il a un devoir de vérité et de lucidité. La tâche est immense, mais ce n’est pas une raison d’y renoncer. Il faut trouver la bonne approche. Je suis persuadé qu’on arrivera à une rupture. C’est inéluctable. Il faut la préparer en réunissant les bonnes volontés.


- Vous semblez suggérer que l’expérience tunisienne risque de ne pas prendre chez nous. Pourquoi ?


Je lis et je suis au quotidien de ce qui se passe là-bas. En Tunisie, il y a une classe moyenne dynamique et bien formée, une population homogène en termes culturels, un dynamisme économique. Ce sont, à mon sens, des ingrédients pour accéder à la démocratie. Tout cela a été déterminant dans la transformation qui s’opère dans ce pays.
L’Algérie n’a connu que la violence depuis des siècles, une guerre de libération meurtrière et enfin un système dictatorial après l’indépendance. Le pays a connu des chefs d’Etat issus de l’armée, non sortis des grandes écoles, et que voulez-vous que ça produise comme grands projets et visions globales ? Tout cela s’est répercuté sur tous les segments de l’Etat. C’est très compliqué. Il faut se le dire.


- On l’a vu, les autorités politiques répriment les actions violentes et pacifiques aussi…


En définitive, c’est un problème physique. Dans un régime fermé, il suffit qu’il y ait une brèche pour que tout le système explose. II y a des contradictions si fortes à l’intérieur qu’il y a une évolution physique vers l’implosion. Mais, l’idéal c’est de connaître une transformation pacifique. On a connu déjà des décennies de violences exceptionnelles et continues.
Depuis l’élection de Bouteflika en 1999, le pouvoir a opté pour l’immobilisme. Après l’arrêt du processus électoral, il est suggéré des modèles politiques à choisir : turc, tunisien de Benali, car il ne faut pas perdre de vue que le modèle tunisien était considéré comme une référence et il me semble qu’on est tout près du modèle égyptien, qui a 10 ans d’avance sur nous. N’oublions pas qu’on a fait rêver les pays africains et arabes après la révolte des jeunes Algériens en 1988 avec les changements politiques qui ont suivi une année après.
Mais, tout cela a été résorbé et le champ des libertés n’a pas cessé de se réduire. Je ne saurais prévoir l’évolution de la situation, mais il me semble que tant qu’il y aura une rente suffisante pour répondre à des urgences, ça continuera de la sorte. Nous sommes dans une situation fragile et délicate. Société et pouvoir sont interpellés pour sauver le pays du chaos et de l’implosion. Nous en avons les moyens. Lorsque la volonté politique est là, rien n’est impossible.      

Saïd Gada